Jochen Lempert, nature et sciences en chambre noire
Au départ, Jochen Lemperta suivi une formation de biologiste, et ses travaux l’ont amené à voyager un peu partout en Europe et en Afrique pour y rédiger des articles scientifiques sur divers sujets, notamment les libellules, pour lesquels il utilisait un appareil photo de 35 mm. Puis, au début des années 1990, il a commencé à utiliser cet appareil comme un outil pour des activités plus créatives, en collaborant sur des films expérimentaux et en réalisant des photographies artistiques. C’est cette influence hybride, entre sciences et photographie d’art, qui a fait de lui une figure unique parmi les artistes contemporains.
Ses photographies, toujours en noir et blanc, qu’il développe lui-même, ont une présence physique particulière et nous montrent qu’aucun environnement humain ne peut être séparé de la nature. Il les développent souvent en plusieurs formats, et choisit ensuite avec minutie celui qu’il lui convient le mieux pour l’accrocher en musée ou en galerie. Non encadrée, simplement collée au mur, ses bords ondulants se soulevant parfois de la surface, sa photographie est composée d’un papier réalisé dans un tissage relativement lâche, ce qui donne au prime abord l’aspect d’un dessin qui aurait été réalisé au fusain ou au crayon….
Ses photographies sont un peu comme des puzzles visuels et philosophiques qui brouillent nos perceptions pour que nous les utilisions de manière plus aiguisée, confrontant notre compréhension humaine face au monde naturel.
Jochen Lempert, Belladonna (2013)
Ce diptyque de JochenLempert,Belladonna (2013), associe une photographie de plante, autrement connue sous le nom de solanacée mortelle, et un écureuil. Sur chacune des photographies on retrouve une sphère noire centrale: la baie de la plante, l’œil de l’écureuil, qui les relie entre elles. JochenLempert ici ne se contente pas de ce parallèle mais nous invite à observer un concept évolutif: les baies de la plante brillent pour attirer les animaux frugivores qui peuvent disperser ses graines; parallèlement chaque espèce verra dans ce fruit quelque chose de différent selon ses besoins propres. Le photographe nous invite ici à imaginer ce que voit l’écureuil.
Jochen Lempert, Transmission, 2009.
Pour réaliser ces photographies, JochenLempert a placé des feuilles dans un agrandisseur de chambre noire et a exposé les images pendant plusieurs heures.Ce que vous voyez est une transcription directe des nervures et des cellules de chaque feuille.
Dans d’autres travaux, comme ici, l’artiste encourage les spectateurs à imposer un ordre esthétique humain à des espèces non humaines. Sur chacune des photographies au dessus, les animaux forment un motif qui donne l’impression que les oiseaux l’ont voulu. Ainsi l’impression dérivée de leur relation est entièrement une projection humaine. En suggérant la logique dans ce qui est dérivé du hasard, JochenLempert fait également un signe de tête ironique à l’œuvre emblématique et explicite de John Baldessari intitulée Lancer trois balles en l’air, lequel avait lancé 36 fois ses 3 balles pour obtenir une ligne droite .
Jochen Lempert Untitled (Antilope), 2008
Jochen Lempert, From Symmetry and Architecture (Sponge-Flamingo), 1997-2005
Jochen Lempert, Untitled (Wasserlinse), 2011
Jochen Lempert, Snowdrop, 2016
Jochen Lempert, Untitled (Jellyfish), 2015
Jochen Lempert, A blinking, 2013
Jochen Lempert From Symmetry and Architecture (Deers), 1997 – 2005
Jochen Lempert, Leaf (Painted), 2013
Jochen Lempert, Flames (Jaoan), 2017
Jochen Lempert, Salvia, 2013 – 2014
Jochen Lempert, Poppy Flower #7, 2012
Jochen Lempert, Untitled (Kelp), 2015
Jochen Lempert, White Leaf, 2013
Jochen Lempert, Untitled (Feathers), 2014
Jochen Lempert, The Skins of Alca impennis’ (1990-2016)
Jochen Lempert, Plant_Volatiles_II
Jochen Lempert, Untitled (Seadragon), 2016
Cet artiste, dont le travail a été plusieurs fois récompensé par des prix prestigieux, n’a pas de site consacré sur internet; en revanche, vous pouvez voir ses œuvres actuellement dans le cadre de la FIAC à Paris au Grand Palais, dans lequel il vient d’ailleurs d’être récompensé par le prix This is Not a Prize : http://www.fiac.com/en/Exhibitors/3702777/ProjecteSD/Products/1263483/Jochen-Lempert